En Polynésie française, le domaine des plantations forestières du Pays résulte de l’important programme de boisement initié dans les années soixante dix. Aujourd’hui, ces massifs forestiers sont arrivés à maturité et sont en phase croissante d’exploitation.
Le gouvernement souhaite dans ce cadre accompagner le développement de la filière de bois local et les propriétaires privés de massifs forestiers en proposant une loi du pays qui organise l’exploitation forestière dans un partenariat public/privé.
Compte tenu du contexte mondial, il y a effectivement urgence à exploiter et à valoriser cette ressource présente en vue de répondre aux besoins du marché local. Le développement d’une filière bois est nécessaire au regard des enjeux du changement climatique, de l’emploi et de la demande des programmes sociaux.
Si, sur le principe, le CESEC conçoit la démarche aujourd’hui engagée afin de permettre l’exploitation forestière de propriétés privées en vue du développement de la filière bois et l’urgence d’y procéder, l’institution souhaite toutefois attirer l’attention du Pays sur un certain nombre d’éléments.
Aussi, pour l’institution :
une valorisation (grâce notamment à la technique du « lamellé collé ») demeure possible s’agissant d’un bois pouvant être de moyenne qualité ;
la mise en place de systèmes d’autoclaves dans les autres îles que Tahiti où les massifs forestiers sont présents doit être fortement soutenue ;
un volet formation doit accompagner les métiers et les compétences dans la filière bois ;
les métiers du bois doivent être valorisés et rendus attractifs auprès des jeunes ;
cette filière doit être considérée comme une opportunité de créer de nouveaux emplois ;
la récolte du bois doit se faire de manière raisonnée ;
le retrait des souches de pins doit être effectué par le Pays en cas de conversion en terre agricole ou de reforestation, conformément au Plan Général d’Aménagement (PGA) approuvé par la commune ;
un dispositif d’incitation au boisement et à l’entretien de la forêt doit être mise en place ;
l’agroforesterie doit être promue ;
le foncier à vocation forestière doit être défini et figé ;
la viabilité de la filière et un approvisionnement régulier doivent être garanties tout en assurant une préservation et une valorisation de la ressource ;
des études complémentaires devraient être effectuées sur le pin des caraïbes afin d’évaluer notamment son impact réel sur son environnement ;
les études sur d’autres résineux tels que le bois de Kaori doivent être élaborées ou poursuivies ;
les essences forestières doivent être diversifiées avec des bois précieux ou à forte valeur ajoutée ;
une réelle économie circulaire, dont chaque étape doit être respectueuse de l’environnement, doit être mise en place ;
d’autres mesures doivent se concrétiser ou être envisagées (inventaire, promotion du bois local, tarif d’achat, maîtrise des espèces envahissantes, création de sous-filières, police verte, code forestier) ;
une approche interministérielle et une bonne gouvernance sont nécessaires ;
un comité de pilotage interministériel doit être mis en place.
Sous réserve des observations et recommandations qui précèdent, le Conseil Économique, Social, Environnemental et Culturel émet un avis favorable au projet de loi du pays relative à l’exploitation forestière de propriétés privées plantées en pin des Caraïbes (pinus caribaea) en vue du développement de la filière bois locale.